Finlande je te dis au revoir

<article118|cycle|hauteurmax=300|right> Ca y est il semblerait bien que ce soit la fin, la fin d’une extraordinaire aventure, la fin d’une expérience de vie. On peut dire que la Finlande m’a gâtée ! Tout ici fut hors du commun, du moins pour moi.

Tout d’abord ses saisons et sa météo, sa neige au mois de juin, son été court, intense et ensoleillé plus ou moins à toute heure du jour et de ce qui est censé être la nuit pour le commun des mortels, son automne pluvieux comme jamais et son hiver terriblement sombre et long. De vraies saisons, de celles qui forgent le caractère et qui contribuent à l’inhabituelle façon d’être des finlandais. Et à chaque une de ces saisons le pays prends un autre visage. Arrivez à la fin d’un hiver pauvre et au début d’un printemps qui très lentement se met en place et tout vous semblera désolé et déprimant, l’été ses immenses forêts et ses milliers de lacs sont magnifiques voir carrément mystiques tant la nature est abondante, l’automne franchement dégueulasse offre un court moment de beauté quand les arbres se vêtissent brièvement de ses couleurs pour basculer ensuite dans une obscurité assommante qui se prolonge encore et encore jusqu’à l’hiver et soudain la neige repeint le sol et le coeur des finlandais de sa lumière blanche, la mer gèle et le froid vivifiant vous gagne.

Et puis il y a les finlandais eux même et leur fameuse façon d’être. Des gens calmes, réfléchis et faciles à vivre mais tous un peu fou quand l’alcool les désinhibe et l’alcool ici coule à flot. Et puis il y a cette mélancolie aussi profonde que leurs forêts que je trouve tellement pleine de poésie. Ils sont froids d’apparence, ils ne laissent rien paraitre. Ce sont de vrais guerriers. C’est l’image qu’ils donnent mais toutes les émotions qu’ils n’affichent pas sont pourtant bien là, enfouies en eux et une fois que vous avez pris l’habitude de vider la bouteille avec les finlandais ils vous le rendront en vidant leur coeur qui n’est finalement pas de pierre et c’est cet instant intense qui vaut la peine de prendre le temps de briser la glace. C’est l’idée même du sauna, élément clé de la culture finlandaise, l’endroit même où tout le monde se retrouvent nu car quand il n’y a plus de vêtements, il n’y a plus rien à cacher et alors on peut tout se dire.Tout ça semble un peu absurde vu de l’extérieur et absurde pourrait être le deuxième nom de la Finlande, j’entends par là que les conditions de vie y sont plutôt extrêmes de par le climat, c’est presque impossible de cultiver la terre et même les vikings n’ont pas voulu y rester et pourtant les finlandais sont toujours là. Ceux qui en partent finissent toujours pas y revenir, ceux qui y restent parfois s’en plaignent mais tous en sont fier de ce pays impossible. C’est aussi un peuple humble et discret. Sincèrement, qui vivant en dehors de la Finlande sait concrètement quelque chose sur ce pays ? Je pense même qu’il y en a beaucoup qui seraient capable de dessiner une carte du monde sans rien mettre entre la Suède et la Russie. Et ça les finlandais si font très bien, laissez les en paix et ils vous laisseront en paix ! Tout un art de vivre, une culture autre dont peu s’accommodent et pourtant j’étais ici ”à la maison” plus que jamais. J’imagine que moi aussi je suis un peu fou, mélancolique et absurde.

Enfin il y eu toute les personnes avec qui j’ai bossé, tout ces handicapés mentaux et physiques, tous extraordinaires, tous talentueux et qui m’ont tant enseigné. Tout le monde au moins une fois dans sa vie devrait avoir l’opportunité de rencontrer ce genre de personnes, celles pour qui tous les jours est une nouvelle épreuve et qui pourtant ne baissent jamais les bras et accomplissent des choses incroyables. Et bien entendu ils ne sont pas seuls, ceux qui les accompagnent, les aident et les soutiennent jour après jour ne sont pas moins extraordinaires puisqu’ils dédient leur vie à celles des autres avec un talent et une créativité hors normes.

Et je pourrais encore écrire des pages et des pages, mais ces pages sont personelles et ici même je voulais surtout clamer mon amour pour la Finlande, son peuple, ses larmes, ses lacs, ses forêts, son silence, sa simplicité, ses chansons dépressives, ses poissons, son alcool infâme et hors de prix, sa bouffe saine et sans goût, ses canettes consignées, Helsinki, ses millions de saunas, sa neige, sa mer, son architecture confort à l’intérieur et froide à l’extérieur, ses films toujours sous titrés et jamais doublés, son système de bibliothèques qui pourrait pousser n’importe quel lecteur à déménager ici, sa langue qui contient les meilleurs insultes du monde, sa sincérité, ses chalets du bout du monde, ses festivals de cinéma et de musique, ses lapins partout, ses baies, ses champignons, sa mélancolie, ses gueules de bois, son respect d’autrui, ses artistes talentueux, ses saucisses, ses chaussettes en laine tricotées par grand mère, ses raisins sans grains, ses karaokés de la fin du monde, ses croisières pour Tallinn où tout le monde est bourré, ceux que j’ai côtoyé tous les jours et j’en oublie... et puis dire ô combien je suis reconnaissant de la chance qu’il m’a été donnée de vivre une année encore une fois hors du commun.

Merci à toi la Finlande ! Je ne vais pas t’oublier de si tôt.
Ne changes pas (sauf tes prix).

Jocelyn.