Good Morning Finland !

Quelle idée de partir en Finlande ! T’es fou ? C’est un peu la question que tout le monde me posait en France et que même les finlandais me posent ici. Autant dire que je ne sais pas vraiment quoi répondre ! Juste un besoin de changer d’air, de voir autre chose.

C’est le 3 mars dernier que j’ai débarqué au pays du père Noël pour faire mon Service Volontaire Européen d’un an. Je ne vais pas tout de suite rentrer dans les détails mais en gros je suis ici pour bosser avec des personnes combinant handicapes mentaux et physiques. Où ? Dans une radio à Helsinki, Radio Valo pour être précis. Avant d’être sur place je n’en savais guère plus.

Je dois reconnaître une chose, c’est qu’en Finlande on sait vous accueillir ! C’est sourire aux lèvres et un verre à la main qu’on m’attendait à l’aéroport. Autant dire que ça démarre plutôt bien. Puis première surprise en mettant le nez dehors... c’est qu’il ne fait clairement pas aussi froid que je me l’était imaginé et surtout il n’y a pas un pet de neige ! On m’aurait donc menti à propos de l’hiver finlandais ? C’est que normalement il y a plus d’un mètre de neige à cette période mais pas cette année. Bon, petite déception pour ma part mais ce sera vite oublié avec dans la foulée mon premier resto en Finlande. Après ça, petite balade en ville. Tout est très, très calme et les rues de loin pas bondées. L’atmosphère est étrange mais apaisante. Une journée qui se termine par mon arrivée dans ma première famille d’accueil qui consiste en un jeune couple d’étudiants végétariens qui vivent dans ce qui est considéré comme étant le « pire » quartier d’Helsinki, comprenez par là que vous y trouverez quelques débauchés mais rien de franchement alarmant bien au contraire. Le seul truc dérangeant c’est de savoir que le lendemain il va falloir se lever tôt car mon lieu de travail est loin, plus de 1h15 de bus...

Lors du premier voyage en bus à Helsinki y a de quoi stresser ! D’une tout est en finnois et donc impossible ou presque de prononcer les noms quand on ne parle pas la langue, le nom des arrêts de bus sont rarement annoncés à l’intérieur du véhicule et vous avez intérêt à être attentif pour arriver à les lire à l’extérieur ! Parfois il n’y a même pas d’arrêt de bus, juste un petit panneau illisible de l’intérieur... Vous pouvez toujours demander au chauffeur mais rare sont ceux qui vous répondront. Bonjour l’angoisse ! Oh et si jamais vous voulez monter dans le bus, vous avez plutôt intérêt à lui faire signe car sans ça, même si vous êtes 40 à attendre, il ne s’arrêtera pas ! Pour bien compliquer la chose, rajoutez des correspondances avec des trains, des trams ou le métro.

Après ce périple qui m’aurait été impossible de faire seul, j’ai enfin pu découvrir mon lieu de travail. Me voilà à Lyhty (je vous laisse vous amuser pour trouver comment prononcer ce nom). Cet endroit est incroyable est la radio n’en est qu’une infime partie ! Dans les grandes lignes c’est un institut pour handicapés mais probablement unique au monde. Ici tout est chaleureux, aussi bien le cadre tout à base de bois, que les gens qu’on y trouve. Vous avez bien sur bon nombre d’handicapés, certain qui vivent sur place dans de superbes appartements et d’autres qui vont et viennent chaque jour, ainsi qu’une bonne vingtaine (en moyenne) d’objecteurs de conscience qui font ici leur service civil. Rajoutez à cela bon nombre d’intervenants, de salariés ou encore de volontaires, soit une bonne soixantaine de personnes qui travaillent sur le lieu même ou ses annexes. Toute cette foule va et vient librement, chacun vaquant à ses occupations avec une totale liberté. C’est plus d’une centaine de personnes que je croise chaque jour. Je ne vous cache pas que c’est franchement difficile de stresser dans cet environnement. Il y a aussi les infrastructures, soit un studio de radio, deux studios ultra professionnels pour enregistrer ou répéter avec des groupes, une cantine en guise de lieu central où tout le monde met la main à la pâte, ainsi qu’une cafétéria tenue en grande partie par des handicapés, une salle de cours, un grand sauna, des ateliers... Un véritable havre de paix et de rock’n’roll qui s’avère chaque jour plus qu’enrichissant. Rajouter à ça que le grand patron des lieux est probablement le boss le plus cool du monde !

Certain se demandent probablement comment je fais pour communiquer avec des handicapés physiques et mentaux en Finlande. La majeur partie ne parlent que le finnois, il faut donc improviser via les gestes ou les attitudes. Dans la plupart des cas le contacte se fait naturellement. Le plus compliqué c’est d’arriver à retenir tous les noms. Mais tout ça c’est du détail ! Le plus fou c’est de voir ce qu’ils sont tous capable de faire. Il y a un joueur d’orgue professionnel, un poète, un caméraman, un monteur de vidéos, des rappeurs, des acteurs... mais les plus célèbres et qui sont devenu de véritables légendes en Finlande, c’est clairement les 4 bonhommes qui forment le groupe de punk Pertti Kurikan Nimipäivät ! Probablement le groupe le plus punk de tous les temps. Je vous invite à regarder le film qui a été fait sur eux, désormais cultissime, dont vous pouvez voir le trailer plus bas. Plein d’autres activités encore avec de nombreuses émissions de radio faites en collaboration avec Radio Helsinki, une des plus grosses radio finlandaise, mais aussi des films, des reportages, des ateliers... En bref, que de projets hallucinants qui poussent toute ces personnes handicapées à se révéler et à développer tous les talents dont elles disposent. Une véritable leçon de vie.

Entre temps j’ai changé de famille d’accueil. Je me retrouve à deux minutes à pied de mon lieu de travail, ce qui n’est certainement pas pour me déplaire ! Le plus excellent c’est d’arriver à nouer aussi rapidement un lien fort avec l’homme de la famille, pas besoin du finnois ni de l’anglais pour le coup, suffisait de mettre un peu de musique. Un ancien boxeur qui me fait découvrir des groupes de punk finlandais durant de longues soirées musicales, qui se finissent en douceur avec du Nils Frahm ou du Arvo Pärt, et qui en plus de ça se rêve écrivain, autant dire que je ne pouvais pas mieux tomber.

Maintenant il ne me reste plus qu’à découvrir la ville plus en détails et tout particulièrement les lieux culturels dont elle regorge. Vu que j’ai le meilleur job du monde, qui me permet de rencontrer énormément de monde, je pense que ça ne sera pas bien difficile ! Bon c’est que j’ai aussi un boulot,je vais devoir produire la première émission internationale de la radio (en anglais donc). Une grosse responsabilité. On verra ce que la suite me réserve.
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A bientôt pour de nouvelles aventures.
Jocelyn.