Un bout de chemin en Bulgarie
Je m’appelle Agnès, je viens de Bretagne, j’ai eu 24 ans en repartant de mon projet et me voilà partie pour vous expliquer pourquoi, quoi, comment je suis partie vivre 1 an dans ce pays peu connu : la Bulgarie.
Après le lycée, ce qui fait déjà un petit bout de temps, j’avais déjà envie de faire un SVE. Je m’étais lancée dans mes recherches, à deux doigts d’avoir un projet ! Mais bien mal m’en pris de ne pas avoir lu assez attentivement l’âge requis pour partir. Bref, après cela je pars à la fac de Rennes. Ensuite, je décroche un DUT Carrières Sociales option animation sociale et socioculturelle. C’est l’année dernière donc, après une licence sciences de l’éducation, que je me pose la question : est ce que je continue un master pour être professeur des écoles ? privé/public ? beaucoup de questions et toujours une envie de barrouder avant le grand engagement au sein de l’éducation nationale. C’est tout bêtement, après une discussion animée avec une amie autour d’une bière sur la terrasse d’un bar que je me décide à retenter le SVE.
Passons le moment des recherches, lettres de motivations etc. Pour faire court, j’ai aiguillé ma recherche en fonction du projet et non pas du pays. C’est donc le projet d’ArtAreA, association travaillant autour de la danse, du théatre et du cirque, qui m’a tapée dans l’oeil. L’organisation d’envoi, partenaire de ce projet est Tambour Battant, basée à Mulhouse. Je prend donc contact, envoie lettre de motivation et CV. S’ensuit un entretien Skype avec l’association bulgare qui déboucha sur une réponse positive ! Me voilà acceptée dans un projet SVE d’1 an en Bulgarie, plus précisément à Pernik. Tout s’est fait en deux mois quasiment.
Au quotidien, j’ai vécu avec trois autres personnes : Babsi (Autriche), Maciek (Pologne) et Ivan (Espagne). Nous étions les seuls volontaires européens de Pernik. Bien que cette ville ne soit qu’à 25 minutes de Sofia, le train a décidé de prendre 40/50 minutes pour atteindre la capitale. Nous avons passé cette année, dans la même maison et dans la même association. Le pari était serré : quatre volontaires assez différents à vivre et travailler ensemble. Et bien finalement, ils sont devenus comme une seconde famille.
Alors Pernik, ce n’est pas la ville au top 10 de Bulgarie. Ne sachant plus ou moins rien de la ville où j’allais atterrir, je n’avais pas vraiment d’attentes. Pernik est une ancienne ville minière, une des plus polluée d’Europe, et comment dire, les immeubles sentent encore l’après communisme. L’hiver a été rude mais au fur et mesure, après des rencontres et l’apprentissage du Bulgare, Pernik c’est une sorte de petite aventure. Exemple : je cherche un morceau de machine à café que j’ai cassé. Après quelques conseils etc., je pars à la rue du bazar, puis enfin la caverne d’Alibaba, mélange de vieille cafetière, poêle à bois etc., dans un espace assez restreint. Pour finir j’attends que le patron passe ses coup de fil pour ma cause, envoie ses pseudo collègues faire le tour des contacts au marché, et moi attendant avec une bière russe à la main, assise entre des photos de Che Guevara, Vasil Levski, Vladimir Poutine, Jésus et Marie ... Puis en apprenant le Bulgare je peux discuter ( c’est un grand mot … communiquer plutôt ) et casser cette barrière culturelle qui au début paraissait infranchissable ! Tout çà pour dire que pour vraiment comprendre un pays, sa langue et les gens, il faut y passer du temps. Le SVE donne cette chance : le temps. J’ai eu le luxe d’avoir des cours de langue, et vécu dans une ville bulgare loin des sites touristiques, et au contact de la « vrai » Bulgarie.
Un an c’est long, donc je vous fait rapidement un résumé des différents projets que l’on a mené. J’ai fait des présentations du SVE en école et dans la rue, fait du théâtre et des ateliers cirque dans la rue, une performance de danse/théâtre, fait des tutoriels sur internet sur le thème du recyclage, co-organiser un évènement sur le recyclage dans ma ville, fait des costumes et des marionnettes, fait du jardinage, été volontaire à un festival de danse contemporaine, participé à un projet pour les réfugiés en Grèce et plus encore. Tout ceci m’a fait rencontré des gens d’horizons très différents !
Durant cette année, les projets ont donc été divers et variés, en témoigne la liste plus haut, mais voici quelques détails ! Nous avons mis en scène quatre contes pour enfants dans la rue. "La véritable histoire du loup et des trois petits cochons", théâtre de marionnettes et histoire inspirée des soi-disant faits des "trois petits cochons". Le loup n’est en fait qu’un simple monsieur qui éternue quand il est pris d’angoisse, et en plus allergique au foin. Les petits cochons, persuadés que le loup veut les manger ne comprennent pas sa véritable demande ! En réalité il veut faire un gâteau pour sa grand-mère, mais il a besoin de sucre. S’ensuit quiproquos et la prison à vie pour ce pauvre loup. Ensuite "les musiciens de Brême", théâtre/danse et texte en Bulgare, "l’homme désordonné", théâtre de myomes et ensuite "Rampulstilskin", danse et théâtre. Nous avons donc fait de A à Z ces pièces et joué dans la rue à plusieurs reprises.
J’ai eu aussi l’opportunité d’écrire un projet d’échange de jeunes sur la thématique du recyclage et de l’environnement. Cependant, nous n’avons pas eu la validation du projet. Ce qui n’était pas plus mal après expérience car à la place, nous avons fait un évènement d’une semaine dans le parc de Pernik nommé "la Semaine AlterActive". Au programme, bricolage et upcycling pour enfants et adolescents. Le projet a été un succès et dans ces conditions le coordinateur d’ArtAreA va représenter le projet d’échange de jeunes pour l’année prochaine.
En une année j’ai amélioré mon anglais, acquis des bases en Bulgare, créé des liens avec des personnes de nationalités différentes ! J’ai aussi adopté un point de vue différent sur mon pays au contact de ces personnes de tout pays mais aussi en allant en Grèce, dans ce projet pour réfugiés. Je n’ai été dans un camp qu’une seule journée à Athènes (car le camp a été déplacé du jour au lendemain ...) au port de Pirée. Je suis donc partie à Thessalonique, au Nord-Est de la Grèce. J’ai été volontaire au projet Elpida qui signifie Espoir en grec. Elpida c’est une ancienne usine désaffectée que des artisans grecs et une armée de volontaires de tout pays et de Grèce aussi, ont rénové pour accueillir 800 réfugiés au total. Le projet est piloté par l’association Together for Better Days ("Ensemble pour des jours meilleurs") qui a auparavant été sur le terrain à Lesvos au camp de la Moria (http://togetherforbetterdays.org/). Toutes ces rencontres, m’ont redonné espoir dans l’être humain, que malgré cette paralysie au niveau européen sur l’accueil des réfugiés, il y a des personnes solidaires qui s’investissent, cherchent des solutions pour accueillir et soutenir leur prochain.
Cette année a été intense, j’écris cet article deux jours après mon arrivée en Bretagne. J’ai été triste de partir, quitter un deuxième chez moi avec mes amis, mes habitudes, la Bulgarie, la langue etc. Mais ce n’est pas la fin ! Maintenant, c’est un nouveau chapitre et je suis plus optimiste qu’après ma L3 Sciences de l’Education !
Alors maintenant à vous de vivre cette expérience !
Наздраве*
Agnès
* à la vôtre